Ségolène Royal : vers une "monarchie permanente" au PS ?

Nicolas Voisin 25 Juin 2007 …

Un Conseil du Parti Socialiste a eu lieu samedi dernier et a permis - une nouvelle fois - de contrer le putsh rampant initié par Ségolène Royal et ses amis. En une dizaine de jours, c'est la deuxième fois que les instances du PS expriment une exaspération face aux méthodes de Ségolène Royal :

Mardi 12 juin, entre les deux tours de la législative, d'abord, avec le cadrage du Bureau National sur les alliances. Alors que Ségolène Royal livrait en pâture à la presse le contenu de ses messages laissés sur le portable de François Bayrou, la PS lui rappelait qu'aucune alliance électorale n'était envisageable hors de la gauche.

Samedi 23 juin, donc, au Conseil National, pour contrer le coup de force qu'elle tentait sur le calendrier, toujours via les médias, et toujours "au nom des militants".

J'espère que les militants socialistes vont - à cette occasion - prendre conscience de la réalité des ambitions de Ségolène Royal et de ses amis. Comme je l'ai expliqué sur ce blog dans une note du mois de mai, le parti socialiste fondé par Mitterrand s'est construit depuis les années 70 sur quatre piliers :

Un discours et un programme clairement à gauche de rupture avec l'ordre libéral ;
Une organisation fondée sur des militants éduqués aux valeurs de la gauche, formés politiquement et disciplinés ;
Une confrontation démocratique des courants qui coexistent en son sein ;
Un système d'alliance exclusivement à gauche.

Avec méthode et obstination, Ségolène Royal s'en prend systématiquement à ces quatre fondements.

Elle a brouillé le clivage gauche-droite pendant toute la campagne (n'assumant même plus aujourd'hui les principales revendications de gauche : les 35 heures et le SMIC) ;
Elle n'a cessé de dénigrer les structures du PS héritée du passé, opposant les "anciens" militants jugés archaïques aux "nouveaux" adhérents supposés modernes parce que rejetant a priori l'héritage idéologique de la gauche de transformation sociale du XXème siècle ;
Elle a méprisé les courants... pour dissimuler celui qu'elle a constitué comme une arme de guerre avec les comités Désir d'Avenir, et dont l'objectif est clairement d'en finir avec la spécifité du socialisme français pour normaliser le PS dans la social démocratie européenne (le Labour Britannique, le SPD Allemand) ;
Elle n'a cessé de tendre vers une alliance avec François Bayrou.

Le but de Ségolène Royal et de ses amis est clair. Elle veut faire basculer le PS et la gauche dans une nouvelle ère, elle veut en finir avec sa tradition de la gauche française de rupture avec l'ordre libéral et d'aspiration à la transformation sociale, elle veut imposer une social-démocratie d'accompagnement du libéralisme. Le congrès socialiste a bel et bien commencé. Et ce congrès s'inscrit clairement dans le cadre d'une recomposition générale de la Gauche dont l'issue est plus que jamais incertaine.

Ci-dessous la dépêche rendant compte du commentaire de Jean-Luc Mélenchon ce matin. Inutile de préciser que je partage son point de vue...

Jean-Luc Mélenchon : Ségolène Royal veut installer une "monarchie permanente" au PS (AP)

Le sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon a accusé lundi Ségolène Royal de vouloir installer une "espèce de monarchie permanente" au Parti socialiste.

Invité de LCI, il est revenu sur le reniement par Mme Royal de ses propositions de campagne sur le SMIC à 1.500 euros et la généralisation des 35 heures, estimant que "sous ses mots se cachent une très grande duplicité".

"Je n'aime pas cette façon de faire de la politique en se réclamant continuellement d'une rénovation, d'une transparence qu'on ne pratique guère en réalité. Car appeler rénovation du Parti socialiste l'installation d'une espèce de monarchie permanente où une seule personne décide, ce n'est pas pour moi de la rénovation", a-t-il accusé.

A propos du souhait de Mme Royal et de Manuel Valls de consulter les militants sur le choix d'un nouveau dirigeant et d'une nouvelle ligne politique, M. Mélenchon a estimé qu'"il faut arrêter ce petit discours sur le pouvoir à la base; la base n'a jamais manqué de pouvoir au Parti socialiste".

En revanche, il a regretté la "situation figée" au PS. "Je reconnais que la lassitude commence à me gagner", a-t-il lâché.

Sur l'orientation politique du parti, le sénateur a martelé qu'il "ne veut pas adhérer à un parti social-démocrate mais à un parti socialiste".

"De la même manière, si notre avenir c'est un chef tout puissant à la tête du parti, l'interdiction des courants qui garantissent la liberté d'expression au sein du parti, plus l'alliance avec le centre, clairement ce sera sans moi", a-t-il souligné en référence à Mme Royal, tout en affirmant: "je dis tout haut ce que des dizaines d'autres pensent avec au moins autant d'énergie que moi. AP

Catégories : Débats politiques

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Chris79

28/06/2007 18:15

Ah, Nicolas ("Nicolâââs, Nicolâââs, ma première larme ne fut que pour toâââ!!!"... Sylvie Vartan, sors de mon corps!)... C'est quand même fou de ne pas remarquer que pour l'instant, la seule chose qui a redonné un semblant de vie au Parti Socialiste, c'est l'arrivée de Royal, avec perte et fracas, j'en conviens, mais il fallait au moins ça! Vous pouvez la critiquer, sur des tas de points, et vous avez raison. Néanmoins, arguer d'orientations adoptées, dans une conjoncture différente, avec un contexte différent, un électorat sociologiquement plus populaire, que le Parti Socialiste a perdu bien avant que Ségolène Royal n'arrive, comme si le Parti Socialiste français était le dépositaire de la doctrine marxiste dans toute sa splendeur, quand c'est une variante tiédasse du marxiste théorisée par Édouard Bernstein, reprise et rendue acceptable démocratiquement par Jaurès, et ensuite entendre des responsables politiques qui ne sont plus de la 1ère main (et qui ont plus d'une fois joué sur les marges de la Droite...) jouer les vierges effarouchées, ça, ça m'amuse! Compenser leur inatteignable desiderata d'Élysée en envoyant Royal se faire voir, je trouve cela bas. Bas, parce que je n'entends pas commenter la défaite plus que cuisante - si l'on considère qu'il n'est pas revenu en 2e semaine - d'Adjani en 2002, qui pour courageux qu'il fût est parti pêcher (boûder?) à l'Île de Ré... Un type qui pense qu'il n'a pas été élu parce que les gens n'ont rien pigé et qui avait un programme "tout sauf socialiste"... Bas, parce que personne n'a eu le courage d'aller lui demander des comptes! Bas, enfin, parce que putain pendant qu'il y en a encore qui se demandent s'il ne faut pas devenir carrément social-démocrate (et ainsi jouer le jeu de la Droite, qui n'attend que ça pour proclamer la fin du PS...) ou si elle adoptera la ligne gauche-gauche (venant de Fabius, la blague est assez bonne!) qui n'est pas foutue de s'adresser aux électorats les plus humbles, autrement que par des beaux discours de lendemains qui chantent façon 1981, alors que 1981, c'était il y a 26 ans... Je n'avais même pas 2 ans quand Mitterrand a été élu, et avant mes 7 ans j'expérimentais la première cohabitation de la Vème République... Rebelote en 1993... Alors si vous ne pensez pas qu'il y a un truc qui ne va pas, je ne sais pas ce qui va! La Gauche a vieilli avant que d'en prendre conscience et s'est voilée la face et s'est maquillée à la truelle, pour donner l'illusion de la jeunesse et de la modernité! En fait, tant que l'on s'acharnera sur Royal de cette façon aussi mesquine, je me ferais l'avocat du diable, parce que je n'aime pas l'inéquité des traitements! De plus, je ne suis pas persuadée que Royal veuille se pacser politiquement avec Bayrou, qui est fort mal en point, mais qui a toujours un électorat. Je crois plutôt qu'elle veut absorber son électorat, ce qui fait quand même une grosse nuance... Et puis, s'il y en a vraiment un au PS qui pense sans rigoler que DSK, Delanoë ou Fabius peuvent remporter une élection présidentielle, je veux bien me dévouer pour lui expliquer "les Socialistes, leurs vies, leurs oeuvres"! Moi, je suis pour une Gauche-Gauche regonflée, audacieuse et tout et tout, mais avant, il faudrait peut-être avoir les tripes de trancher certaines questions, de mettre sur la table tous les tabous socialistes et les avantages de Royal par rapport aux autres, c'est qu'elle est rock'n'roll, qu'elle n'a pas peur de dire "je vous emmerde" et surtout qu'elle est encore malléable, ce n'est pas un être grégaire! On s'extasie sur le coup de la TVA sociale, mais si les gens savent aujourd'hui qui est Michèle Delaunay, c'est aussi parce qu'elle a piqué sa crise sur France 2! Pendant que tout le monde jouait les grandes offusquées mais louchait sur les voies du MODEM sans trop savoir, sans trop oser, sans trop... Qui a eu les c... de trancher et d'en appeler à Bayrou et à ses électeurs, qui s'est déplacer pour aller soutenir qui des fabiusiens, qui des Strauss-kahniens (Sandrine Mazetier dans le 12ème) , qui strauss-kahn lui-même... Bon alors, c'est bien, tous ces cris d'orfraies, mais c'est motivé par quoi exactement, sinon beaucoup de morgue, d'amertume et une envie cathartique d'évacuer les frustrations de 2002?Et sinon, ça va chez toi!

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