Ce matin, dans mon lycée, je dispose d'une heure de pause entre deux cours dont je profite pour lire la presse sur internet, et notamment comment elle traite la grève de demain. J'arrive sur la page d'accueil du Figaro... puisque j'avais entendu parlé hier soir à la radio d'un sondage à paraître ce matin dans ce journal.

Le Figaro est content. Le sondage qu'il a commandé (voir article) confirme intégralement sa thèse : les français désapprouvent la grève de demain et soutiennent la réforme des régimes spéciaux. Ce sont les sondeurs qui le disent. C'est donc vrai. Tout va donc pour le mieux pour le gouvernement de droite et ses innombrables relais d’opinion. Comme ce bourrage de crâne ne suffisait pas, le Figaro insiste : non seulement les français désapprouvent la grève et soutiennent Sarkozy sur les retraites, mais on apprend en plus qu'ils réclament un service minimum dans les transports. Décidemment !

Et le Figaro de donner la parole à l'un de ces faiseurs d'opinion, Monsieur Jérôme Sainte Marie, de chez BVA, qui sous couvert d'une analyse scientifique des statistiques "absolument incontestables" (allez jeter un oeil sur la caractère totalement objectif des questions posées !), se lance dans une analyse politique dont je vous laisse goûter le caractère "parfaitement neutre" qui sied au travail impartial de ces spécialistes... je mets bout à bout les phrases ciées par le Figaro : « La fragilité de la position syndicale apparaît crûment lorsque l'on considère l'interprétation faite par l'opinion publique du mouvement du 18 octobre » ; « La réédition du scénario de la grève par procuration ne paraît guère vraisemblable », il s'agirait plutôt d'une « réforme par procuration » ; « plus moderne » et « plus proche des préoccupations » des Français que les syndicats, « le gouvernement devra cependant apporter un soin tout particulier à ne pas sembler arrogant sur le sujet, les syndicats faisant pour l'heure jeu égal avec lui sur la question de celui ayant l'attitude la plus conciliante » ; « L'opinion publique pourrait d'autant plus soutenir les projets gouvernementaux sur les régimes spéciaux qu'elle n'est guère concernée par ceux-ci, cependant que le vaste mouvement réformateur annoncé suscite en elle beaucoup d'espérances mais aussi quelques appréhensions. ». Un délice ! La seule chose dont on soit sûr à la lecture de cet article, c'est que 100% des spécialistes de BVA soutiennent le gouvernement.

Le malheur, c'est que ces idéologues jouent sur du velours... et ils ne manquent pas de faire remarquer (dans le Figaro comme dans tous les médias depuis la rentrée) les contradictions du discours de la gauche sur la question des régimes spéciaux de retraite. Singulièrement au sein du PS où cohabitent des discours radicalement contradictoires, que la direction se garde bien d'arbitrer.

Le Figaro a donc raison sur une chose : de la réussite de la journée de mobilisation demain dépend d'abord la capacité de la gauche sociale à résister à l'offensive de la droite sur tous les fronts... mais aussi la clarification du discours de la gauche politique, entre les partisans de l'accompagnement "critique" (pas toujours d'ailleurs !) du libéralisme et ceux d'une opposition frontale pour une autre politique de réelle transformation sociale.

Que la grève soit massive demain. Pour ceux qui hésitent encore, voir argumentaire rédigé par les militants de PRS sur l'enjeu des régimes spéciaux... à diffuser encore et encore.
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