Les événements montreuillois dont j’ai parlé dans mon précédent post ne sont pas déconnectés de ce qui se passe au même moment dans tout le département.

 

 

Lors du secrétariat fédéral du 23 janvier, j’ai demandé à ce qu’un point sur les municipales soit fait, puisque dans toute la Seine-Saint-Denis, des conflits se sont multipliés ces dernières semaines, largement repris par la presse, annonçant peut-être d’autres dissidences, et risquant de faire voler en éclat les cadrages politiques et stratégiques validés par la Convention Fédérale du 30 novembre 2007 et le Conseil National du 15 décembre 2007.

 

 

En réponse à mon interpellation, les camarades du secrétariat fédéral ont reconnu que, si une solution acceptable par tous devait être trouvée à Saint-Ouen dans les prochains jours, la crise se poursuivait à Tremblay, au Blanc-Mesnil, à Sevran, et surtout à Saint-Denis où une liste socialiste était sur le point d’être déposée, avec l’aval de la direction nationale. En effet, on apprenait le lendemain, jeudi 24, que la Commission Electorale du PS avait donné son accord pour une primaire.

 

 

Ainsi, à la liste des cinq communes fixée par la Convention Fédérale du 30 novembre 2007, il est désormais démontré que peuvent s’ajouter d’autres. Combien ? Nul ne saurait le dire précisément aujourd’hui. Pourtant la liste des cinq du mois de novembre avait été arrêtée selon « des critères très stricts » liés à la lecture des résultats électoraux de ces dernières années. Il y avait eu débat là-dessus (je m’étais d’ailleurs exprimé lors d’un Conseil Fédéral le 24 octobre 2007 sur ces « critères » et sur les risques encourus), mais la Fédération et le Parti tout entier avait juré que ces primaires s’inscriraient dans la perspective d’un « rééquilibrage » jugé nécessaire au sein de la gauche du département mais tendu vers l’union.

 

 

Avec ce qui se passe à Montreuil et à Saint-Denis, et avec ce sentiment de "laissé-faire" qui apparaît, certains responsables locaux du PS peuvent se sentir encouragés à passer en force pour s’émanciper des critères objectifs de la Convention Fédérale et leur permettre s’engager ouvertement dans une stratégie d’affrontement avec le partenaire Communiste.

 

 

Dans les jours qui viennent, il est probable que le signal donné à Saint Denis, et la prime à la désobéissance et à l'alliance de revers accordée à Montreuil provoquent une réaction en chaîne. En l’absence d’une clarification énergique, c’est l'union de la Gauche qui serait mise en péril dans tout le département, dès le 1er tour, mais surtout entre les deux tours, lorsque se posera la question du "désistement républicain" face à la droite.

 

 

C’est pour cela que j’attends du PS que les procédures d’exclusion soient mises en œuvre dans les plus brefs délais à l’encontre de Manuel Martinez, Mouna Viprey et tous ceux qui les accompagnent dans leur aventure déloyale. Et j’attends qu’elles ne se limitent pas à de simples procédures administratives, mais qu’elles soient accompagnées d’une expression publique de grande ampleur pour clarifier la position politique des socialistes sur la municipale. Une implication personnelle des porte-parole et grands élus de la fédération me semble incontournable dans cette campagne à Montreuil dont l’enjeu dépasse – on le sait – le niveau local ou même départemental.

 

 

Comme moi, les observateurs attentifs auront sans doute noté que cette clarification et ces mesures énergiques tardent, avec certains de nos responsables qui montrent beaucoup de bienveillance et de compréhension, comme Claude Bartolone (Le Parisien du 23 janvier 2008) continuant d’avoir « beaucoup d’amitié et d’affection » pour les deux dissidents montreuillois, en dépit de leur choix déshonorant et très hostile vis-à-vis du parti socialiste. Bienveillance à mettre en relation, par exemple, avec le caractère arbitraire de mon invalidation, puisque c’est dans le journal qu’elle a été annoncée unilatéralement, puis approuvée par une instance qui n’en a théoriquement pas la capacité.

 

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Sur les cantonales, l’accord départemental avec les Verts-93 rendu public jeudi 24 janvier laisse apparaître le même glissement :

 

-          alors que le processus d’accord de 1er tour avec les Verts tel qu’il était envisagé au mois de novembre 2007 s’inscrivait dans le cadre d’une dynamique de rassemblement de la gauche ;

 

-          alors que le rééquilibrage souhaité par les socialistes au sein de la gauche de Seine-Saint-Denis aurait pu simplement se constater le 16 mars prochain, ouvrant peut-être la voie à une nouvelle répartition des rôles et des responsabilités à la tête de l’exécutif départemental ;

 

-          alors que ce nouveau paysage politique de la Seine-Saint-Denis aurait résulté du suffrage universel, s’imposant dès lors sans ambiguïté à l’ensemble des forces politiques de la gauche qui constitueront ensemble la majorité au Conseil Général ;

 

on se trouve aujourd’hui plongé dans une situation évidente de crise et d’affrontement, semant la confusion dans toutes les organisations et le doute dans l’esprit des électeurs. Face à une droite de combat, les divisions et les méthodes politiciennes auxquelles certains se résignent  aujourd’hui pendant que d’autres les encouragent peuvent nous mener durablement à la catastrophe.

 

Dans cette malheureuse aventure, les Verts-93 ont été poussés à jouer un rôle qu’ils n'auraient pas souhaiter endosser naturellement. J’en ai la certitude. Il est évident qu’en Seine-Saint-Denis, une tendance hostile  à l’union de la gauche - singulièrement vis-à-vis du PCF - l’a emporté au sein des Verts. C’est regrettable. J’ignore si cela sera durable.

 

Par ailleurs, du point de vue du Parti Socialiste, en se plaçant sur un terrain strictement électoral, il n’est pas impossible que ces choix conduisent paradoxalement dans certains cas à un renforcement du vote Communiste dans ce département, alors que chacun s’accorde à dire au PS que c’est plutôt la dynamique inverse qui devrait être confirmée en 2008.

 

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Je souligne pour conclure que je ne fais pas une question personnelle du sort qui a été réservé à ma candidature sur le canton de Montreuil-Est. Mais au travers du cas montreuillois, c’est bien un problème de fond qui se pose aux socialistes, dans tout le département, et bien au delà car on sait l’enjeu national que représente la Seine-Saint-Denis.

 

A Montreuil, les intrigues d’appareil ont abouti à la plus totale confusion de l’offre politique, puisque dans chacun des trois tiers de la ville (cantons Ouest, Nord et Est) le système d’alliance est totalement différent. C’est sans doute ce que cherchaient les instigateurs de ces manœuvres. J’ai appris aujourd’hui sur un des marchés de Montreuil que la candidate Verte Fabienne Vansteenkiste, que la fédération socialiste a choisi de soutenir sur le canton-est, a d’ores et déjà annoncé qu’en arrivant derrière le candidat communiste sortant Jean-Charles Nègre au 1er tour, elle se maintiendrait au 2ème tour. C’est parfait ! La droite sait donc plus d’un mois et demi avant le vote qu’elle va pouvoir arbitrer nos débats à gauche. Quelle incroyable irresponsabilité !

 

Cependant la campagne ne fait que commencer et avec moi, les socialistes montreuillois, les militants de la gauche unitaire et rassemblée vont prendre dans les jours qui viennent toute leur place dans la bataille électorale décisive qui vient, portant haut les couleurs et les valeurs socialistes, œuvrant pour le rassemblement de la gauche contre la droite arrogante et destructrice, mobilisant les citoyens sur un projet de résistance et de transformations sociales.

 

Nous allons agir pour la clarté des discours et la transparence des intentions. Nous allons agir dans tout le territoire de la ville, dans tous les quartiers, en cohérence avec le souci de l’intérêt général que nous défendons depuis des années au service de nos concitoyens, par l’action de nos élus municipaux et de nos militants. Nous allons agir pour mobiliser les électeurs sur un projet ambitieux et responsable. Nous agirons en cohérence aussi  avec notre conscience.

 

Le paysage est désormais connu et les intentions de chacun sont claires. Pour les socialistes montreuillois, pour la gauche montreuilloise, le temps est à l’action politique pour la victoire de notre camp contre la droite. Celui des bilans viendra. Celui des comptes à rendre aussi.

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