En février dernier, le Collectif Unitaire Montreuillois pour une Alternative de Gauche prenait l'excellente initiative d'interpeller les responsables politiques des différentes listes se présentant aux élections municipales sur les questions du prix et de la gestion de l'eau.

J'ai déjà publié une note sur cette initiative, avec la lettre du Collectif et ma propre réponse, rédigée à l'époque en tant que Président du groupe des élus socialistes et candidat sur la liste d'union... J'y exprimais mon accord avec la perspective d'un retour en régie publique de la gestion du service de l'eau potable à Montreuil et en Ile de France, mon investissement concret sur cette question (en tant qu'élu, mais aussi en tant que responsable de l'association nationale EAU), et enfin j'y exposais une méthode pour parvenir à construire un rapport de force capable de faire concrètement avancer ce retour en régie au sein du SEDIF.

Pour lire cet échange, cliquez ici.

Mais je n'ai pas été le seul à réagir au courrier du collectif, et toutes les listes de gauche, tous les responsables d'organisations qui forment cette gauche montreuilloise ont également répondu. La période électorale étant terminée dans les conditions que l'on connaît, je crois utile de publier ces réponses qui valent engagement.

Au delà du caractère polémique de certaines formules (lié à l'ambiance de la campagne électorale) et en dépit des nuances de forme et de fond qui existent, il faut noter la convergence générale sur cette question fondamentale, qui offre un réel point d'appui pour la suite.

Toujours très investi dans l'association nationale EAU, je tâcherai d'apporter ma contribution à cette bataille.




Réponse de Dominique Voynet

Au nom de la liste Montreuil Vraiment


Montreuil, le 20 février 2008

Monsieur,

J'ai bien reçu votre courriel relatif à la distribution de l'eau à Montreuil et je vous en remercie.

Je souhaite d'abord vous indiquer mon plein accord avec votre position.

Vous conviendrez du reste que, sur ce sujet, les élus écologistes ont souvent - pas toujours, mais souvent - été seuls à s'opposer, au-delà des discours de principe, à l'abandon de la gestion publique de l'eau, pointant ainsi de longue date les risques avérés de dégradation du service rendu aux usagers, d'émergence de mastodontes privés en situation de quasi-monopole et, cerise sur le gâteau, de corruption. Le tout se faisant, comme vous le soulignez, avec l'argent des usagers et dans la plus parfaite opacité.

J'apprécie bien sûr à leur juste valeur les discours combatifs qui sont tenus sur le sujet par nombre d'élus de gauche, socialistes et communistes. Mais la réalité est bien éloignée des discours. Il est de notoriété publique que le Syndicat des Eaux d'Ile-de-France a longtemps fonctionné, et fonctionne probablement encore, sur la base d'un
accord entre l'UMP (ex-RPR), le PS et le PC, ce dont témoigne la répartition très politique des responsabilités au sein du syndicat. Et ce n'est pas faire insulte à MG Buffet et Hervé Bramy que de signaler le fait que la commune du Blanc Mesnils, gérée depuis toujours par leur parti, a confié la distribution de l'eau à la SAUR, filiale de Bouygues...

Il est plus que temps de mettre un terme à cette situation, à laquelle personne, sinon quelques actionnaires, ne gagne. Pourquoi en effet le prix de l'eau est-il aussi élevé en Seine-Saint-Denis ? 3,46 euros/m3, contre 2,43 à Paris. Rien n'explique un tel écart, et surtout pas l'entretien des réseaux, qui sont dans un état lamentable !

Récemment encore, j'ai tenté, par un courrier (dont je vous joins une copie) d'inciter les élus du comité syndical du SEDIF, à la suite de l'enquête publiée par l'UFC - Que Choisir, à examiner enfin l'hypothèse d'un retour en régie publique à l'occasion du terme, prévu en 2010, du contrat qui lie le SEDIF à VEOLIA. A minima, je souhaite que soit entendue la nécessité de renégocier ce contrat en profondeur.

Elue maire de Montreuil, c'est cette position que j'entends faire valoir. Je ne sousestime pas la difficulté de la tâche, pour avoir suivi de près les exemples de collectivités qui ont réussi le retour en régie publique : je pense par exemple à Grenoble, où ce sont des élus verts qui ont conduit ce difficile chantier, ou encore à la Communauté urbaine de Cherbourg. Je sais que la possibilité de « remunicipaliser » le service, comme certains le disent pour faire vite, est rendue hasardeuse par le fait que, depuis trois quarts de siècle, la ville de Montreuil n'est plus propriétaire de son réseau de distribution d'eau... C'est donc dans le cadre du syndicat qu'il faudra se battre, en soutenant les efforts des élus qui, du Val de Bièvre à Plaine Commune, demandent plus de transparence, et une renégociation.

Vous le savez sans doute : loin de soutenir la démarche de ces élus, le maire de Montreuil, par ailleurs 1er vice-président du SEDIF, s'est associé au contre-feu mis en place par ceux qui s'accommodent de la situation actuelle. Une association bidon a été montée. Interpellé par des membres de sa propre majorité, il a annoncé la création d'une « commission ad hoc » qui, à ma connaissance, ne s'est jamais réunie et n'a pas
produit le moindre travail.

Vous l'aurez compris, je refuse de me cantonner à des discours généraux sur la défense du service public, d'autant plus « virils » qu'ils ne sont pas suivis d'actes et de décisions concrètes. Comment accorder le moindre crédit aux gesticulations préélectorales de certains candidats qui se sont accommodés de la situation actuelle pendant des années ?

J'espère que nous aurons l'occasion de travailler ensemble sur ce dossier, et sur d'autres (la spéculation immobilière, les cantines, la collecte et le traitement des déchets), au service de notre ville et de ses habitants.
Avec mes sincères salutations citoyennes,

Dominique VOYNET


Réponses de :
- Jean-Pierre Brard
- Parti Communiste Français
- Groupe des élus socialistes
- Ligue Communiste Révolutionnaire
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