Une semaine après le 2ème tour des élections municipales et cantonales, il est important d’établir un bilan et de tirer quelques enseignements au niveau national, pour ne pas s’enfermer dans le localo-localisme qui contribue à la dépolitisation des enjeux.

 

Voici quelques leçons à retenir pour la suite, largement inspirées du travail réalisé pour la sensibilité du PS "Trait d'Union" par Pascale Le Néouannic (secrétaire nationale du PS)

 
 

  • Leçon n°1 : Il s’agit bel et bien d’un vote sanction… mais la gauche saura-t-elle l’exploiter ?

 

Evidemment, Nicolas Sarkozy et les barons de la droite cherchent à minimiser la portée de cette défaite électorale mais dans 43 villes de plus de 20 000 habitants, la majorité municipale passe de la droite à la gauche, et 8 départements basculent également à gauche. La tendance de cette sanction s’est d’ailleurs affirmée entre les deux tours.

 

Le 16 mars, aux élections cantonales (qui sont plus « lisibles » que les municipales, car plus liées aux forces politiques constituées et moins soumises aux panachages et aux arrangements locaux) la gauche totalise 51 % des voix contre 44 % pour la droite.

 

Toute la question est maintenant de savoir comment la gauche, et surtout le PS qui la domine, va exploiter cette situation. En 2004, aux cantonales et régionales, on avait connu une situation comparable, avec une forte poussée de la gauche… mais qui a débouché sur une confusion profonde conduisant à l’échec de la présidentielle et des législatives. Alors que va-t-il se passer, surtout au PS ? Le « recentrage » prôné par certains va-t-il se poursuivre ? Ou va-t-on enfin voir l’affirmation d’une opposition frontale répondant aux attentes des électeurs et permettant la reconquête de l’électorat populaire qui s’est beaucoup abstenu ?

 

  • Leçon n°2 : L’abstentionnisme s’aggrave… avec quelques exceptions remarquables.

 

Dans les grandes zones urbaines, on voit revenir des records d’abstention, y compris là où les enjeux apparaissaient majeurs, comme à Paris ou Lille.

 

Mais il apparaît des exceptions riches d’enseignements. Dans notre département, à Aulnay-sous-Bois, le Socialiste Gérard Ségura l’emporte contre l’UMP grâce à une chute de l’abstention qui passe de 48 % à 40 %. Même chose dans d’autres villes de la Région Parisienne, à Argenteuil où la gauche en grande difficulté au 1er tour, parvient à l’emporter grâce à une poussée de 4 points de la participation, ou à Colombes, où la participation progresse de 7 points (passant de 59% à 66%). Ou encore en province, à Amiens par exemple, où la gauche est également parvenue à faire baisser l’abstention de 45 % à 37 %. Ce qui lui a permis de l’emporter beaucoup plus largement (56%) que ce que les scores du 1er tour laissaient espérer avec un total des voix de gauche à 50,9 %. Quand la gauche est parvenue à remobiliser les abstentionnistes des quartiers populaires, elle a pu renverser des situations parfois difficiles.

 

Cela dit, il faut aussi remarquer que la baisse de l’abstention n’a pas profité qu’à la gauche, dans les bastions de la droite traditionnelle, on note également un sursaut des électeurs de droite notamment dans le 5e arrondissement de Paris où Tiberi est réélu.

 

  • Leçon n°3 : le Modem n’apporte rien à la gauche et n’arbitre pas grand-chose.

 

Il faut tordre le cou à l’incroyable supercherie qui dure depuis les présidentielles : le Modem est inutile là où la gauche est sortante (Grenoble ou Montpellier), le Modem n’apporte rien à la gauche face à la droite (Marseille, Melun, Briançon…) et là où le Modem gagne c’est face à la gauche (Mont de Marsan, Saint Brieuc, Hérouville St Clair, Arras…). Je vous invite à aller lire l’analyse de Jean Luc Mélenchon sur son blog qui résume bien la situation.  Le Modem n’a qu’une fonction : brouiller les pistes et déboussoler l’électorat de gauche.

 

  • Leçon n°4 : Une certaine radicalisation de la gauche

 

Le vote en faveur des listes d’extrême gauche, ou de l’ « autre gauche » est en progression. Là où la gauche a choisi un renversement d’alliance avec le Modem, comme à Grenoble ou Montpellier, ces listes de l’autre gauche ont réalisé des scores importants au 1er tour et ont souvent confirmés ces scores au 2e tour : à Montpellier le score de l’autre liste de gauche (LCR – Verts) progresse de 11% à 18,6% au second. A Grenoble, la liste de l’autre gauche passe de 15% à 22% entre les 2 tours. De même à Clermont Ferrand, où le maire sortant n’a pas voulu reconduire l’accord qu’il avait avec la LCR qui faisait pourtant partie de sa majorité sortante depuis deux mandats, la liste LCR recule certes entre les deux tours (15% à 13,5%), mais maintien sa représentation au Conseil Municipal.

 

Bilan de la stratégie du PS dans ces villes et plus généralement de la logique des alliances à la carte contribue à faire qu’une partie de l’électorat de gauche ne vote plus systématiquement « utile » au second tour, c’était pourtant un acquis du Parti socialiste d’Epinay…

 

 

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